Paracha Houkat

L’étude de ce Dvar Torah est consacrée a la mémoire de Hanna bat zahra, Hanania Rephael ben Hanna, Mahlouf ben Merima, Diamanti bat Messaouda, Raphael ben Yaakov, Gracia bat Hanna,Jais ben Rahel, Eliahou ben Hanna, Amram ben Zarha.

1. Les limites de la compréhension humaine
2. PourSsuivre La Paix
3. Juifs

Les limites de la compréhension humaine

Les non juifs se moquent de la Mitsva de la Vache Rousse (פרה אדומה ) et ils demandent aux Juifs : “Quelle est cette mitsva et quelle en est la signification ?” Il s’agit d’un חק, d’une loi inexplicable rationnellement, d’un décret que vous n’avez pas la permission de remettre en question. (Rachi citant le Midrach)

La Paracha de cette semaine catégorise spécifiquement la loi de la Vache Rousse comme un חוק (décret divin), mais il y a d’autres lois qui s’inscrivent également dans cette même catégorie telles que שילוח הקן (renvoyer l’oiseau mère) et כלאיים (ne pas porter de chaatnez, un mélange de laine et de lin dans nos vêtements). Mais la vérité est que toutes les mitsvot sont finalement des חוקים (décrets divins incompréhensibles). Considérons par exemple la mitsva de manger de la Matsa et du Maror à Pessa’h, qui n’est généralement pas considérée comme un ‘hok, mais plutôt comme une mitsva symbolisant notre libération de l’esclavage égyptien et l’Exode. Si, toutefois nous regardons de plus près la façon dont la Torah présente la mitsva, nous verrons que cette lecture initiale n’est pas évidente, il est écrit en effet : בעבור זה עשה ה’ לי בצאתי ממצרים (שמות יג :ח). Le passouk signifie que la raison pour laquelle Hachem nous a réellement libérés d’Égypte est afin que nous mangions Matsa et Maror ! Il apparaît que nous ne le faisons donc pas simplement pour nous rappeler l’Exode.

Et Il en est ainsi pour toutes les mitsvot. Les raisons invoquées pour les commandements sont là principalement pour satisfaire notre esprit, mais ne représentent pas nécessairement la raison ultime des commandements. Nous pouvons le voir clairement en ce qui concerne d’autres mitsvot. La mitsva de l’enfant qui doit obéir et respecter ses parents est apparemment un commandement compréhensible de l’entendement humain, pourtant, D.ieu n’avait pas besoin de créer un système où la reproduction humaine se fasse par l’union de l’homme et de la femme, comme pour les autres créatures. Il est donc plus correct de dire que D.ieu créa les parents et les liens parents/enfants afin d’offrir la possibilité d’accomplissement de la Mitsva de respecter et d’honorer ses parents. La liste peut être allongée encore et encore.

C’est pourquoi, lorsque nous accomplissons des mitsvot qui font appel à notre raison et nous paraissent logiques, nous devons nous efforcer de les réaliser pour l’amour seul de l’obéissance à D.ieu, et non pas parce qu’elles signifient quelque chose pour nous. Si nous n’abordons pas les mitsvot de cette façon, la plus grande des calamités peut survenir – comme cela se produisit pour le Roi Salomon, le plus sage des hommes, qui commit l’erreur de se fier à son immense sagesse et épousa de nombreuses femmes quand la Torah mentionne que cela risque d’entraîner le cœur du Roi loin de la volonté de D.ieu. Il faut écouter la Torah avant tout, quoi qu’il arrive !
Même lorsque la raison nous semble devoir prédominer, il faut se conformer aux commandements de D.ieu, car «Il nous a ordonné… ». Ceci explique le fait, apparemment déconcertant, que le seul moment où la Torah nous dise “חזק” (Sois fort !), est le moment où l’on nous enjoint l’interdiction de consommer du sang, alors que le sang est répugnant ! D.ieu a jugé qu’il convenait de dire : רק חזק לבלתי לאכול את הדם – Soyez forts et ne mangez pas le sang (Devarim 12:23). Le point ici est que les mitsvot de la Torah ne sont pas à faire seulement selon notre entendement, mais plutôt par soumission à une volonté de satisfaire le décret de D.ieu. Il s’avère donc que nous renforcer (“Soyez forts !”) est nécessaire pour nous permettre de nous abstenir de manger du sang par amour de l’adhésion aux commandements de D.ieu, et non parce qu’il est répugnant. Ainsi, Rabbi Eléazar Ben Azarya enseigne que personne ne devrait dire qu’il ne mange pas de porc parce qu’il n’en aime pas le goût, ni qu’il ne porte pas de chaatnez parce que cela lui est désagréable mais plutôt dire : “J’ai très envie de manger du porc”, ou « J’ai un grand désir de porter du chaatnez pour la douceur que cela procure », mais je m’abstiens parce que D.ieu a dit : “Non !” (ילקוט שמעוני קדושים רמז תרכו)

Cette approche d’accepter les mitsvot comme reflétant D.ieu et non notre compréhension et envie personnelles doit être appliquée dans le domaine de l’éthique médicale juive également. Pour prendre un exemple bien connu : Même si un patient souffre énormément, et qu’il ne survit que grâce à des machines, il nous est ordonné de ne pas “le débrancher”. Un médecin non juif pourrait ne pas percevoir l’euthanasie ou l’avortement à un stade précoce comme un assassinat, mais notre Torah si !

Décrets parentaux
Nous pouvons faire une analogie entre l’attente de D.ieu vis-à-vis de nous et celle des parents vis-à-vis de leurs enfants. Quand un jeune enfant demande à ses parents d’expliquer une certaine décision, ou même une valeur chère à ses yeux, ceux-ci peuvent choisir de répondre simplement : “C’est comme ça !” Et la demande de l’enfant peut concerner le type de vêtements que nous portons, la raison de notre aversion pour la cigarette, pourquoi nous avons choisi telle ou telle synagogue, etc… Les réticences des parents à fournir des explications n’ont souvent rien à voir avec l’étroitesse d’esprit, mais plutôt avec leur conviction que l’enfant est trop jeune ou immature pour comprendre. Bien sûr, ils aimeraient que leurs enfants sachent tout sur les questions qui les intéressent mais ils ont conscience qu’il vaut parfois mieux ne pas aborder certains sujets trop ouvertement et attendre le moment propice pour le faire.

Notre Père céleste a une façon similaire d’agir avec nous, Ses enfants. Beaucoup de choses que nous ne savons pas et ne pouvons pas comprendre pour le moment pourront être éclaircies le moment venu, patience ! Ce ne sera peut-être que dans le Olam Haba (le monde à venir). Jusque-là, il ne serait même pas bénéfique pour nous de connaître les « explications ».

Face à la tragédie avec foi.
Ce concept est particulièrement important lorsque nous sommes confrontés à une tragédie (‘hass vechalom). La réaction de certaines personnes en entendant des nouvelles tragiques est souvent : « Pourquoi est-ce arrivé ? » Ils peuvent même tenter d’expliquer la Shoa. Mais le fait est que la façon dont D.ieu dirige Son monde nous semble parfois être un חק similaire à celui de la Vache Rousse – un «décret» que nous sommes incapables de comprendre. Tout comme dans le domaine de la physique, les scientifiques ne peuvent expliquer pourquoi le feu brûle-t-il et pourquoi la chaleur monte-t-elle, on ne peut pas expliquer les actes de D.ieu. Nous ferions mieux de prendre du recul et de dire avec le Roi Salomon : אמרתי אחכמה והיא רחוקה ממני (j’ai essayé d’atteindre une plus grande sagesse, mais elle est hors de ma portée).

Tant de gens ne peuvent pas se réconcilier avec la vie après des tragédies, parce qu’ils veulent comprendre « pourquoi ». Les êtres humains trouvent difficile de renoncer à la certitude qu’ils peuvent tout comprendre. Comprendre la raison et le but procure un sentiment de plaisir, mais un serviteur de D.ieu peut ressentir du plaisir et un sentiment d’accomplissement en réalisant la volonté de D.ieu même sans comprendre, parce que cela prouve son dévouement à Son Maître. Notre responsabilité en tant que serviteurs de D.ieu est d’accomplir Sa volonté, même à travers les périodes sombres de notre vie, sans demander “Pourquoi ?” Bien sûr, il y a des réponses à chaque question, mais nous ne pouvons pas toujours les comprendre. Foi (Emouna) commence là où notre compréhension s’achève.

J’ai trouvé les éléments suivants uniques, perspicaces et pertinents à ce sujet. Le Talmud (Kidouchin 39b) stipule que dans ce monde il n’y a pas de place pour la récompense d’une Mitsvah et que nous recevrons la vraie récompense dans le monde à venir. Le Ben Ich ‘Haï pose là-dessus cette question intéressante : Nous savons que D.ieu garde toute la Torah. L’une des Mitsvot de la Torah est ביומו תתן שכרו il faut payer un employé le jour même où il a terminé son travail. Si c’est ainsi, pourquoi faire attendre les justes pour les récompenser, qu’ils accèdent à l’autre monde et non pas le faire dans ce monde qui correspondrait au jour de travail terminé ?

La réponse est que cette loi de devoir payer son ouvrier le jour-même ne s’applique que lorsqu’il a été embauché pour faire le travail par le destinataire du service lui-même et non à travers un messager. Or la Torah fut donnée par Moché en tant que messager de D.ieu pour les Juifs, il n’est donc pas nécessaire de remettre le paiement à l’employé avant “l’aube”. Cependant, dit le Ben Ich ‘Haï, en ce qui concerne la mitsva de la foi en D.ieu, Nous sommes payés dans ce monde, car les deux premiers des Dix Commandements ont été donnés directement par D.ieu à tout le peuple juif sans la participation de Moché – אנכי ה ‘אלקיך Je suis Hachem ton D.ieu et לא יהיה לך אלקים אחרים על פני vous n’aurez pas d’autres dieux… C’est pourquoi nous sommes récompensés de la mitsva d’avoir Emouna en Hachem dans ce monde-ci – de ne pas avoir demandé pourquoi -. L’ironie serait que celui qui demande pourquoi pourrait bien aussi être celui qui n’obtienne jamais la réponse à sa question.

PourSsuivre La Paix

ויבכו את אהרון שלושים יום כל בית ישראל- במדבר כ:כ”ט
Toute la maison d’Israël a pleuré Aharon pendant trente jours. (Bamidbar 20:29)

Comme le note Rachi, le mot כל (toute) nous informe que tout le monde pleura Aharon – les femmes comme les hommes. Aharon était célébré en tant que : « אוהב שלום ורודף שלום » (aimant la paix et la poursuivant), parce qu’il faisait sans cesse la paix entre rivaux ainsi qu’entre maris et femmes.

L’enseignement célèbre d’Hillel fut inspiré par l’exemple d’Aharon. Il nous exhorte à être des disciples d’Aharon : d’aimer la paix et de la poursuivre ; d’aimer les gens et de les rapprocher de la Torah (Avot 1:12).
Le Bartenurah décrit comment Aharon allait faire la paix. Il rendait d’abord visite à l’une des deux parties ennemies et lui disait simplement combien l’autre regrettait de tout cœur ses actions offensives et la friction que cela avait engendré ; combien il était terriblement embarrassé, et l’avait donc envoyé demander pardon. Ensuite, Aharon allait voir l’ennemi du premier et tenait exactement les mêmes propos. Tout cela sans avoir jamais entendu aucun des deux exprimer ni regrets ni demandes d’excuses. Et finalement, lorsque les deux se retrouvaient, ils faisaient rapidement la paix.

Les commentateurs soulèvent une question à propos du terme employé pour qualifier Aharon : רודף שלום – poursuivant la paix, (voir Rav ‘Haïm de Volozhin dans רוח חיים et le Ben Ich ‘haï (בן יהוידע – סנהדרין י). En effet, le mot רודףsignifie chasser ou poursuivre, et il a souvent une connotation négative. C’est d’ailleurs le terme que la Torah utilise pour décrire quelqu’un qui poursuit une personne avec l’intention de la tuer ou de lui causer un grave préjudice.
Comment alors ce mot peut-il être utilisé pour désigner Aharon et ses immenses efforts dpacificateur ?

La réponse fournie est que pour atteindre la paix, il faut parfois faire un pas vers une voie détournée afin de mieux retourner sur la voie directe d’accès à la paix par la suite.
Par exemple, imaginez que nous sommes au temps d’Aharon, Réouven a entendu dire que Shimon a propagé des rumeurs nuisibles sur son compte ou même comploté contre lui. Si Aharon avait tenté de ramener la paix entre eux en affirmant directement qu’il avait entendu Shimon exprimer des regrets, et qu’il avait envoyé Aharon demander pardon à Réouven, ses chances de réussite auraient été très faibles. En effet, Réouven aurait pu avoir de forts soupçons sur les motifs véritables de Shimon. Au lieu de cela, Aharon s’arrangeait d’abord pour gagner la confiance de Réouven en opérant une « chasse à la paix » et en prenant presque lui-même partie dans le conflit. Il lui disait que si le rapport à propos du complot de Shimon était effectivement vrai, alors il devrait mettre les choses au point au plus vite, et ne pas lui pardonner jusque-là. Une fois cette première étape franchie, et seulement après avoir témoigné sa sollicitude à Réouven et exprimé combien il le comprenait et validait ses sentiments, Aharon entrait dans le vif du sujet et commençait à immiscer le doute dans le cœur de Réouven afin de résoudre le conflit : peut-être les rumeurs étaient-elles fausses, peut-être qu’il y avait eu un malentendu qui pouvait être traité et clarifié en parlant ouvertement. Une fois que les sentiments négatifs de Réouven envers Shimon avaient été validés, il devenait alors capable de faire face à sa colère et de la surmonter.

La Michna au sujet d’Aharon et de ses « devises de vie » poursuit :אוהב את הבריות ומקרבן לתורה (Il aimait les gens et les rapprochait de la Torah).
Arrêtons-nous quelques instants sur le lien entre cet aspect de la vie D’Aharon et sa technique de validation des sentiments des gens avant d’entamer un processus de paix. Nombreux sont ceux qui se passionnent dans l’engagement du קירוב רחוקים (rapprocher les non-religieux de la Torah), souhaitant offrir à nos frères une vie meilleure grâce à l’observance de la Torah et des Mitsvot. Cet engagement dans le Kirouv (rapprochement) que j’ai moi-même adopté et qui se révèle très efficace se caractérise par ce que j’appellerai « l’approche par osmose ». Le Judaïsme est si beau qu’il n’a pas besoin d’être imposé à quiconque, et ceux qui sont non-religieux n’ont généralement tout simplement jamais eu le bon contact avec lui… Or nous savons, entre autres grâce à Aharon, que les valeurs humaines sont toujours affectées par l’environnement. C’est pourquoi en construisant une relation d’amitié et d’amour avec les non-religieux, sans même aborder la discussion sous l’angle religieux, nous pourrons les aider à apprendre beaucoup sur le Judaïsme, des choses auxquelles ils pourront aisément s’identifier à leur niveau.

Il y a bien sûr ceux qui utilisent l’approche : “Rejoignez-nous” ou “Changez pour notre mode de vie”, mais cela s’avère généralement plus efficace dans les endroits où il y a peu de Juifs et où devenir religieux ne signifie pas avoir à quitter son cercle d’amis ou son groupe social. Dans les grandes villes, cependant, où les non-religieux sont souvent concentrés et vivent parallèlement aux communautés religieuses, la méthode est moins efficace, car ils ne se voient pas couper les ponts avec leurs cercles de fréquentation ni, pas du tout, se rapprocher des communautés religieuses sur lesquelles ils sont remplis d’a priori. C’est alors que la méthode d`Aharon, qui est de : « jouer dans leur cour en feignant d’adopter leurs règles » peut être la plus efficace. En effet, évoquer le Judaïsme sous l’angle qui leur sera familier tout d’abord les attirera sans aucun doute. Il pourrait s’agir par exemple tout simplement pour commencer, de les inviter pour un bon repas de Chabbat. Puis, en leur témoignant de la gentillesse et de l’amour, et en validant leurs bonnes valeurs, on pourra construire un pont même avec le plus éloigné de cœur.

Si nous comprenons ce qu’était Aharon pour tous, nous réaliserons que nous n’avons pas besoin de nous montrer trop durs envers les ignorants de notre peuple à qui nous pouvons apporter du Judaïsme. Et si nous avons une juste אהבת ישראל, il pourrait même s’agir de notre voisin d’à côté.

Juifs

וישמע הכנעני מלך ערד ישב הנגב כי בא ישראל דרך האתרים וילחם בישראל וישב ממנו שבי (במדבר כא:א)

Quand le roi cananéen d’Arad, qui habitait dans le Néguev, entendit que les Juifs se rendaient sur la route Atarim, il les attaqua et fit quelques captifs. (Bamidbar 21:1)
Qui étaient au juste ces attaquants “cananéens” ? Rachi explique (d’après le Midrach) qu’ils étaient en réalité des Amalécites ! Ayant attaqué les Juifs après avoir changé leur langue pour celle des Cananéens afin de tromper leurs victimes. Ils espéraient ainsi les vaincre grâce au fait que les Juifs prieraient afin que D.ieu leur livre les Cananéens. Or une telle prière serait vaine puisqu’il ne s’agissait pas des Cananéens. Heureusement, les Juifs avaient remarqué que bien que leur langue était celle des Cananéens, leurs vêtements étaient ceux des Amalécites. Les Juifs prièrent donc pour que D.ieu les sauve durant ce combat. Et D.ieu exauça leurs prières.

Nous pouvons à présent soulever une question : si les Amalécites tentaient de dissimuler leur identité et de passer pour des Cananéens, pourquoi alors ne se vêtirent-ils pas aussi comme eux ?

La réponse donne à réfléchir : si les Amalécites avait adopté les vêtements cananéens ainsi que la langue cananéenne, ils auraient perdu leur identité et seraient devenus eux-mêmes des Cananéens ! Puis, lorsque les Juifs auraient prié D.ieu pour la victoire contre les Cananéens, leurs prières auraient effectivement été alors efficaces.

Si une personne change de langue et de vêtements, elle change alors totalement d’identité.

Ce concept est d’une grande importance dans un certain nombre de domaines, en particulier dans celui de l’éducation. Un enfant doit avoir une identité propre, un sentiment fort d’appartenance au groupe duquel il est affilié. Lorsque les parents ne sont pas heureux avec leurs propres traditions ou environnement, cette crise d’identité sera généralement transmise à leurs rejetons. L’enfant tombe entre les mailles du filet, car il a le sentiment que de n’avoir aucune identité est mieux que d’avoir une double identité. Les parents consternés se demandent alors pourquoi leurs enfants pour qui ils se sont donnés tant de mal ne sont pas en mesure de se trouver. Mais en réalité, comment peut-on faire fructifier un arbre dont les racines sont fragiles ?

Avouons-le : La façon dont nous nous présentons au monde n’est pas seulement la façon dont nous sommes identifiés par les autres, mais aussi
la façon dont nous nous identifions nous-mêmes. Un simple regard dans
le miroir nous permet de constater le genre de personnes auquel nous tendons à être identifiés. Les vêtements quotidiens affectent notre état d’esprit pas moins qu’un costume cravate lors d’une transaction d’affaires. Ceci est d’autant plus vrai pour nous Juifs. Si nous montrons notre engagement envers notre Judaïsme ouvertement (en portant par exemple une kippa), cela envoie un message à autrui sur l’intensité de notre attachement au judaïsme et sur la liste de nos priorités et de notre hiérarchisation des valeurs. C’est pour cette raison que les noms juifs revêtent aussi une telle importance. Tous ces éléments projettent en effet sur le monde environnant, nous-mêmes et nos enfants, l’idée que nous sommes fiers d’être juifs et préférons être identifiés comme tels avant tout autre chose, puisqu’il s’agit de notre essence fondamentale.

Ce n’est pas par hasard que nous disons lors de la brit milah : “כשם
שנכנס לברית כן יכנס לתורה לחופה ולמעשים טובים »- tout comme il entre dans l’alliance du peuple juif avec D.ieu, de même puisse-il mériter d’étudier la Torah, de se marier sous la ‘Houpa, et de vivre une vie de bonnes actions (Chabbat 137b). Notez que le mot utilisé ici est כשם plutôt que כמו, plus communément utilisé en hébreu pour dire aussi / comme. Ce qui est une façon d’expliquer que ce n’est que le nom juif donné à la brit milah qui confère à l’enfant un droit à l’identité juive dès le départ : כשם-kéchem comporte en effet le terme « nom » en hébreu. Ainsi le garçon pourra faire face aux futures étapes de sa vie, cependant, il arrive parfois malheureusement que Mordekhaï devienne Max, ‘Haïm, Victor, et Shmouël, Sam. Et ce changement de nom peut annoncer – et certainement renforcer – un changement d’identité. C’est pour cette raison que nous disons כשם …, et non pas כמו … ajoutant au sens de « comme » celui de « comme le nom ». Nous prions ainsi pour que les petits Mordekhaï, ‘Haïm, ou Shmouël soient capables de conserver fièrement leur identité juive à travers toutes les étapes de leur vie. Nous prions pour que D.ieu leur donne le courage de faire face à leur avenir en maintenant leur identité qui signifia tant pour leurs ancêtres à travers l’histoire juive.

A l’inverse de notre précédent exemple, si nous nous présentons sans nous couvrir la tête ou avec un nom qui n’est pas juif, alors notre identité juive est reléguée à un échelon très bas de notre hiérarchisation des valeurs.
Et cela aura un impact négatif sur notre propre identité juive ainsi que sur celle de nos enfants.
Il ne faut pas croire, mais le fait de porter une Kippa et un prénom juif a un effet très puissant sur notre être et notre environnement. Il est donc très important de continuer à dire qui nous sommes et à témoigner de notre engagement ouvertement, le Judaïsme est tout en haut de l’échelle de nos priorités, et nous sommes fiers d’afficher qui nous sommes : JUIFS.

Shabbat Shalom
yosefarhi@gmail.com

L’étude de ce Dvar Torah est consacrée a la mémoire de Hanna bat zahra, Hanania Rephael ben Hanna, Mahlouf ben Merima, Diamanti bat Messaouda, Raphael ben Yaakov, Gracia bat Hanna,Jais ben Rahel, Eliahou ben Hanna, Amram ben Zarha.

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