french – yom kippur

 

RACCOURCI POUR LE PARDON

 

Nous ne sommes plus qu’à quelques heures de la nouvelle année qui va sceller notre destinée. Il n’y a pas de temps à perdre ! Cette situation provoque un stress pour beaucoup d’entre nous. Comment allons-nous compléter notre “agenda Techouva” avant Yom Kippour ?              .

Nos Rabbanim enseignent qu’il existe une sorte de raccourci : כל המעביר על מדותיו מעבירין לו על כל פשעיו traduit librement, cela signifie : Si une personne passe sur ses tendances naturelles (Midot) et pardonne à ceux qui lui ont fait du tort, D.ieu passera sur l’ensemble de ses péchés (Roch Hachana 17a). D.ieu est prêt à nous juger de la façon dont nous jugeons les autres. Si nous les traitons de manière stricte, D.ieu nous traitera ainsi. Ce n’est pas une punition, mais plutôt l’exécution de la justice la plus précise qui soit. Les actions de chacun sont jugées conformément à sa perception et à ses normes personnelles. (Fait intéressant, il peut en résulter une situation où deux personnes ont des mérites et des fautes équivalents et pourtant l’issue de leurs jugements sera totalement différente.)        .

Mais ce n’est pas si simple ! Comme Rav ‘Haïm Frielander nous le rappelle, ce “raccourci” n’est pas disponible pour celui qui pardonne à ceux sur lesquels il / elle n’a aucun pouvoir. Il est réservé à la personne qui a de l’ascendant sur celui qui lui a causé du tort – comme un employeur ou un enseignant vis-à-vis d’un employé ou d’un étudiant – et accorde malgré tout son pardon. Quand une personne impuissante ferme les yeux sur celui qui lui a fait du tort, ce n’est pas considéré comme “passer sur ses tendances naturelles”. Permettez-moi d’expliciter.                  .

La colère, par exemple, permet de voir très clairement les Midot (tendances naturelles et traits de caractère) d’un être humain. Pourquoi nous mettons-nous en colère ? Généralement à cause du sentiment que quelqu’un a marché sur nos platebandes ou nos principes. Et c’est exactement là que nous sommes “mesurés” ! Combien sommes-nous capables de pardonner et d’ignorer ? Cela peut être la raison pour laquelle le mot “midot” signifie également “mesures”. En émergeant, une colère révèle les limites de notre endurance. Finalement nous pouvons révéler, à travers nos Midot, jusqu’où nous pourrons parvenir dans notre développement spirituel.          .

Prendre le contrôle de nos Midot est très important, car non seulement ce sont elles qui nous ont conduits à mal agir dans le passé, mais en outre, elles vont aussi dicter nos actes dans le futur. C’est pourquoi nous sommes jugés sur nos Midot à Yom Kippour, et c’est pourquoi Hachem accorde l’expiation totale à celui qui surmonte par exemple la colère. Une telle personne a en effet dépassé ses tendances naturelles, elle est donc devenue quelqu’un d’autre. En ce qui la concerne, sa mauvaise conduite passée n’est plus une indication sûre concernant ses actes futurs.              .

Le Satan témoigne à Yom Kippour que les Juifs sont angéliques, capables de surmonter la colère et de passer l’éponge sur le mal qu’on leur a fait. Si nous pouvons apprendre à comprendre et à accepter la volonté de l’Autre, nous présentons un comportement angélique, et ne sommes plus jugés sur la petitesse de nos propres “règles et règlements”.                .

Les jours entre Roch Hachana et Yom Kippour, D.ieu est particulièrement proche de nous, et il est aisé de crier vers Lui : דרשו ה ‘בהמצאו קראוהו בהיותו קרוב Où pouvons-nous trouver D.ieu exactement ? Le Baal Chem Tov propose une réponse basée sur le verset hassidique suivant : שויתי ה ‘לנגדי תמיד (j’ai placé D.ieu devant moi tout le temps). Le terme לנגדי (devant moi) peut aussi signifier contre moi. D.ieu se trouve contre vous, tel Un “adversaire” – La Personne avec Qui vous estimez qu’il est le plus difficile de traiter. D.ieu a mis la contrariété dans votre vie, afin de voir comment vous traitez avec elle. Et Il prend des notes.                   .

C’est le secret de la prière des Seli’hot et de la répétition des treize Attributs Divins. La répétition est destinée à nous aider à intérioriser la conscience que la grandeur de D.ieu réside dans le fait qu’Il cherche un moyen de nous pardonner. Nous avons donc l’obligation de L’imiter ainsi que Ses Attributs de Miséricorde. Comme un Rav l’a dit, D.ieu nous envoie des épreuves à dépasser pour que nous comprenions Sa grandeur quand Il passe au-dessus de nos péchés.                 .

Cela peut être aussi le secret du Mikvé. Il existe une coutume de se plonger dans le Mikvé Erev Yom Kippour. Un vieux dicton dit : Bien que la tristesse ne soit pas un péché, elle peut éloigner la personne de D.ieu comme le pire des péchés. Et bien un dicton ‘hassidique donne son pendant au sujet du Mikvé. Bien que se plonger dans le Mikvé ne soit pas une Mitsva, cela peut apporter un plus aux yeux de D.ieu comme la plus grande des Mitsvot. Le Mikvé est une Segoula qui peut aider à s’abstenir de se mettre en colère. La valeur numérique du mot Mikvé (מקוה) est de 151, presque la même que כעס (la colère). Quel est le lien?                .

Le Mikvé est un lieu où l’on se purifie, ce qui n’est possible que lorsqu’on s’immerge totalement dans l’eau. Toute séparation entre la peau et l’eau disqualifie l’immersion. Selon la Halakha, seul un élément qui n’est pas sensé se trouver sur la peau est considéré comme une séparation. Sur le plan symbolique donc, le Mikvé nous enseigne de ne pas nous accrocher ou nous mettre en colère au sujet d’éléments qui pourraient entraîner la division avec autrui. Il n’y a pas de séparation : je suis désintéressé. Voici le raccourci pour obtenir le pardon durant Yom Kippour.     .

 

Yom Kippour et le Mont JIBEL

 

Un jour, durant l’été, mes garçons et moi sommes allés faire un tour en jeep dans le désert de Judée. Notre chauffeur et guide nous a conduits sur une crête de montagne que les Arabes appellent “Le Mont Jibel”. Nous sommes sortis de la voiture et le guide nous a montré le Mont Scopus au loin. Il a alors expliqué que selon beaucoup, nous nous tenions sur la fameuse montagne si centrale dans la avoda de Yom Kippour – celle d’où l’on précipitait un bouc pour “Azazel” durant l’époque du Temple. C’était une journée claire, et je me suis retourné pour voir la vue magnifique donnant sur Jérusalem, puis j’ai jeté un coup d’œil en bas de la falaise. Je regardai les montagnes surplombant la mer Morte, superbe paysage, puis de nouveau le précipice que mes yeux ne pouvaient plus quitter. Je demandai alors à notre guide : “Ce ne serait pas un lieu idéal pour faire du saut à l’élastique ici ?” Je pouvais déjà m’imaginer le panneau publicitaire : “Regardez le Satan en face, et sautez de la crête d’Azazel !” Le guide répondit qu’il fallait mettre une telle idée au placard, en effet même les non religieux ressentaient une certaine appréhension sur cette montagne, et n’utiliseraient jamais ce lieu pour des divertissements de ce type.

 

Je lui ai demandé ensuite si cet endroit attirait les touristes. Il a répondu ironiquement : “Dans quelques semaines, la pause estivale commence pour la communauté ‘hareidit. Toutes les jeeps se trouvant dans le désert feront une escale ici, et toutes les quinze minutes, il y aura un minyan pour Min’ha.” En attendant nous étions les seules personnes en vue. J’ai pris une profonde respiration et un sentiment étrange a envahi tous mes os.

La signification du bouc d’Azazel

Le Rambam écrit qu’à l’époque du Temple, le bouc envoyé à Azazel servait d’expiation pour nos péchés, y compris ceux que nous avions commis intentionnellement – et même ceux qui devaient entraîner la condamnation à mort. Pour expier les péchés les plus graves il fallait aussi se repentir mais pour les plus légers, la chèvre suffisait. Aucun sacrifice apporté au Temple n’avait le pouvoir de faire pardonner les péchés intentionnels au contraire du bouc apporté à Azazel.

Quelle est donc l’idée de ce bouc qui avait perdu lors du tirage au sort et se retrouvait précipité du haut d’une falaise ? Quelle est l’origine du nom “Azazel” ? Si c’est un nom de Satan, comme certains commentateurs l’affirment, n’est-il pas interdit d’offrir un sacrifice à Satan ? Comment cela peut-il nous purifier de nos péchés ?

Je me tenais là immobile, et ces questions traversaient mon esprit. Et comme vous allez le découvrir, nos commentateurs de la Torah, passés et présents, ont eux aussi abordé ces questions. Rav Chimchon David Pincus zt”l par exemple, explique qu’il ne faut pas voir ce bouc comme un cadeau ou un pot de vin donné à Satan (le mauvais penchant). En effet, si vous lui donnez un doigt, il vous prendra la main entière. Le concept de Azazel est totalement différent. Selon le Zohar (Emor) et le Midrach (Toldot), Azazel, Satan et Essav sont intimement liés. Envoyer le bouc à Azazel revient donc à déclarer que le mauvais penchant et les façons d’agir de Essav nous ont faits pécher. Nous ne voulons rien avoir à faire avec eux. Les descendants de Yaacov ont un ensemble de valeurs complètement différentes de celles de Essav et nombre de nos péchés sont causés par notre association avec lui et ses façons d’agir. Le Beit Halevi (Drach 3) écrit que c’est comme si nous donnions symboliquement à Essav (en jetant le bouc à Azazel), un peu de nos mérites de Yom Kippour, en paiement du profit que nous avons de son monde matériel (pour lequel il reçut une bénédiction de Its’hak Avinou). D.ieu convertit ce paiement en richesses et puissance chaque année pour Essav. Symboliquement, nous déclarons que le monde à venir recèle la valeur suprême à nos yeux, et que ce monde ici-bas n’est que temporaire. Cet acte expie donc à lui seul tous nos péchés.

Durant l’année, nous avons parfois commis des péchés que nous percevons comme reflétant notre moi véritable – comme si l’acte de pécher faisait partie de notre nature ou ADN. C’est une terrible erreur ! C’est comme si nous étions à regarder dans un miroir où il n’apparaîtrait qu’une énorme verrue et disions : “Je déteste la façon dont je regarde”. Bien que nous puissions avoir causé le problème, nous ne sommes pas le problème. Certaines personnes en colère contre elles-mêmes veulent briser le miroir, mais bien sûr, cela n’aide pas non plus. Nous serons toujours coincés avec qui nous sommes. Certaines personnes préfèrent passer à un autre miroir, et être heureuses de voir que la verrue a disparu. Il est clair cependant, que la meilleure approche est d’essuyer le miroir afin de le rendre propre. Et ceci pouvait se faire autrefois grâce au bouc d’Azazel et au pouvoir spécial de Yom Kippour. Ce jour-là, encore aujourd’hui, nous nous séparons des choses de ce monde et nous comportons comme des anges, nous essayons de montrer à D.ieu que c’est cela nos véritables personnalité et nature, et que ce sera ainsi tout au long de l’année.

Le sang du bouc est celui dont la couleur est la plus proche de celle du sang humain. (C’est pourquoi les frères de Yossef ont montré sa tunique à leur père Yaacov, trempée dans du sang de bouc, lorsqu’ils voulurent le convaincre que Yossef avait été tué par une bête sauvage.) Cela peut nous aider à comprendre le symbolisme qui réside dans l’acte de choisir deux boucs identiques pour la avoda de Yom Kippour. Malgré leur ressemblance extérieure, les boucs prenaient deux directions complètement différentes : l’un envoyé dans le désert jeté à Azazel et l’autre sacrifié à D.ieu sur l’autel du Temple. Symboliquement, nous démontrons ainsi que la distinction et la séparation sont possibles pour nous aussi. Si nous dirigeons nos pensées entièrement vers le Service Divin, alors la partie pécheresse de notre être peut être renvoyée comme si elle ne faisait pas partie de nous. Et si nous n’avons pas placé les priorités de D.ieu au sommet de notre liste, cela était dû à l’influence de Essav dans le monde. ריבון העולמים, גלוי וידוע לפניך שברצוננו לעשות רצונך, ומי מעכב ? שאור שבעיסה ושעבוד מלכויות “Maître du monde ! Il est clair et connu de Toi que notre volonté est de faire la Tienne et qui nous en empêche ? Le levain se trouvant dans la pâte (mauvais penchant) et l’influence des nations non-juives. (Berakhot 17a) Notre identité véritable et naturelle est entièrement “pour D.ieu”.

 

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